Une mise en scène soignée pour un projet toujours en décalage
Le jeudi 10 avril 2025, une trentaine d’habitants du quartier se sont rendus à la présentation du projet Mont-Tendre, organisée en fin de journée dans un appartement vide situé au chemin du Mont-Tendre 19.
Un lieu qui n’a rien d’anodin : il s’agit d’un des bâtiments qui seraient démolis si le projet devait aboutir. Ce choix a permis de matérialiser le changement à venir, tout en soulignant, peut-être malgré lui, la rupture entre l’existant et le futur proposé.
Une présentation minutieusement orchestrée
La séance a été conduite par Ruben Secnazi, fils du fondateur de la société Senzi, promotrice du projet, accompagné de Jordan Magnenat, ainsi que par les deux architectes du cabinet OB Architectes : sa fondatrice Olivia Buttler et Charlotte Garcia, architecte responsable du projet.
François Mercanton, président du Mouvement pour la de Défense de Lausanne (MDL), était également présent pour prendre connaissance de cette présentation et écouter les remarques des habitants.
La structure de la présentation était classique : introduction par le promoteur, exposé architectural, puis échanges avec le public. D’emblée, un volume conséquent d’informations techniques a été livré : matériaux, implantation, respect des normes énergétiques, volumes projetés, traitement paysager, mobilité douce, etc. Ce foisonnement de détails, bien que parfois utile, a donné le sentiment que l’essentiel était ailleurs.
En effet, de nombreux participants ont relevé que les grandes questions de fond – celles qui concernent la cohérence globale du projet dans son environnement bâti et social – ont été systématiquement mises de côté ou traitées de façon superficielle.
Un discours bien préparé, mais peu réactif aux critiques
Autre élément notable : plusieurs affiches étaient disposées dans l’espace de présentation, contenant des « réponses aux objections » déjà connues. Si cette initiative témoigne d’une volonté apparente de dialogue, la forme très contrôlée et la tonalité des réponses ont parfois été perçues comme condescendantes ou décalées. Les formulations fermées et le ton assertif ont laissé peu de place à la discussion.
Les questions soulevées durant la séance ont rarement donné lieu à de véritables échanges. Les réponses sont souvent revenues aux mêmes arguments généraux : densification raisonnable, architecture qualitative, conformité réglementaire. Mais la spécificité du quartier, listé à l’Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale (ISOS) et au recensement architectural cantonal, n’a jamais été pleinement considérée dans les arguments avancés.
C’est précisément ce que plusieurs habitants ont pointé : le projet, pris isolément, n’est peut-être pas choquant. Mais transposé dans un quartier résidentiel à forte valeur patrimoniale, il modifie profondément l’équilibre urbain, en changeant la nature même de l’environnement.
Ce glissement a d’ailleurs été confirmé, de manière implicite, par une phrase prononcée par Ruben Secnazi à l’issue de la présentation, lors d’un échange informel :
« J’espère que ce projet pourra en inspirer d’autres dans le quartier. »
Une déclaration qui montre bien que ce projet n’est pas une exception, mais un précédent. Il pourrait, à terme, ouvrir la voie à une série de transformations similaires, changeant en profondeur l’identité du secteur.
Un quartier à défendre
Malgré une présentation maîtrisée, le décalage entre la logique du projet et les réalités du quartier reste important. La densification, les modifications d’échelle : autant d’éléments qui remettent en question l’adéquation du projet à son contexte.
Les oppositions déposées par voie réglementaire jouent un rôle central pour faire valoir ces arguments. Toutefois, la pétition en cours vise à porter le débat au-delà du strict cadre technique, en interpellant directement les autorités politiques sur les conséquences à long terme d’un changement de logique urbanistique dans ce quartier.
Ce projet, qui reste très discuté, pose une question centrale : quelle ville souhaite-t-on construire demain ? Une ville attentive aux équilibres locaux et au patrimoine, ou une ville où les logiques de promotion prévalent sur la cohérence d’ensemble ?
Le sujet est désormais ouvert. Et il revient aux habitants de s’en saisir pleinement par le biais de notre pétition !
Merci infiniment pour votre travail et engagement.
Merci pour tout ! J’ai partagé la pétition sur les réseaux sociaux et les différents groupe qui parlent de la ville de Lausanne, ainsi qu’à mes amis bien évidemment.
J’ai remarqué que le projet des architectes a disparu de leur site. Je voulais que les gens voient le projet de face et non de dos, car c’est de face qu’il est le plus dérangeant ! Pffft disparu. Etrange, non ?
Le flyer reçu dans nos boites aux lettres est plus que bien fait. Bravo à la personne derrière ce super travail 🙂
Bravo